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Micropolitique d'un travail poétique en territoire spécifique

Du texte et du contexte

Depuis 1997, je développe une pratique poétique en familiarité avec un quartier « oublié »(1) et multidésigné pendant vingt ans, classé en «ZUS/ zone urbaine sensible », peut-être au vu de la sensibilité développée par les habitants face aux problèmes qui ne manquent pas de se rajouter lorsque les hasards de la vie conduisent les destinées dans les barres de béton. Je suis entré dans ce quartier en 1998 par le biais d’une action initiée par le Musée d’art contemporain de Lyon (2) , visant à mettre en contact populations et artistes(3) .

Actuellement, le quartier est traversé par un plan de renouvellement urbain qui en change la physionomie et promet, selon le mot du maire, d’en faire « un vrai bout de ville »(4) en misant sur une « mixité sociale ». Ce projet confère à l’habitant nouveau — c’est à dire capable d’acquérir une surface à 3000€ le m2 tout en se mêlant aux classes sociales d’un niveau de vie souvent bien inférieur et d’une culture différente — un statut salvateur, voire messianique.

Dans ce contexte, les responsables politiques ont souhaité que la dimension culturelle et artistique participe du développement du quartier. Pourtant, aussi louable que soit l’intention, nous assistons aujourd’hui à une forme d’instrumentalisation de la pratique artistique en territoire. Ainsi, il nous apparaît que certains projets artistiques, très largement soutenus financièrement et médiatiquement, sont avant tout invités à contribuer à un changement d’image du quartier par une pratique de communicant. Ces actions, auxquelles certains artistes bien en Cour se prêtent, sont axées sur le « rayonnement » médiatique du projet d’urbanisme. Conscients du fait qu’une ville se doit d’évoluer et que les désignations dont souffrent un quartier doivent être levées, nous nous demandons toutefois si une telle attitude ancrée dans la société du spectacle dénoncée par un Guy Debord, ne risque pas plutôt de masquer la réalité d’un quartier populaire en désarroi livré aux prometteurs et, instaurant du déni, de fragiliser le projet même d’une transformation urbaine responsable ?

La Mercerie est à la fois une entité poétique, un collectif artistique et interdisciplinaire et une association 1901 supportant la logistique des projets. Notre pratique est basée sur le lien . Notre posture d’intervention obéit à une certaine éthique et, si elle prétend aussi à une requalification du quartier, vise a priori la revalorisation narcissique de la population locale par la prise en compte de sa parole et sa richesse, sans pour autant sacrifier à la rigueur de l’oeuvre artistique et son inscription dans les espaces et réseaux artistiques et culturels élargis (5) . La pratique s’appuie pour une grande part sur la construction et l’activation constante d’une « zone d’intention poétique »(6), trame symbolique générée par l’artiste à partir de sollicitations multiples. La durée et un espace dialogué en sont les composantes essentielles, qui autorisent (7) l’autre à inscrire sa participation .

Cette « ZIP » se tisse autour d’un objet vecteur et médiateur, métaphore du lien et envisagé comme « Plus petit objet culturel commun »(8) : le bouton. Portée par la fonction poétique, la modestie, voire la banalité de cet objet ouvre les portes du souvenir et de l’affect : qui n’a joué avec la boîte à boutons de sa mère ou sa grand-mère ? La boîte à boutons, boîte à mémoire des femmes, gardiennes de la culture domestique, prend un regain de dignité en devenant objet de parole et centre d’intérêt. Autour de ce « monument hystérique »(9) se bâtissent depuis cinq ans les « Journées du Matrimoine »(10) , nichées dans la grandiloquence européenne de celles du Patrimoine (JEP). Les femmes – et les hommes se sentant concernés – sont invitées à ouvrir leur boîte à souvenirs et conter leurs boutons.

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Le portrait littéraire du Plus petit objet culturel commun

Le dispositif artistique et d’intervention sociale se développe en arborescence autour du vecteur « bouton » ; ainsi de la Bibliothèque virtuelle composée des passages trouvés-choisis par des lecteurs en vue de la confection d’un méta-portrait littéraire (11) de l’objet en question. L’on est parfois surpris de l’usage que nombre d’écrivains ont pu faire du sujet, tel Gide(12) remontant à la brouille originaire, nécessaire différenciation des sexes:

« Il se pencha vers moi d’abord, puis rejeta brusquement le torse en arrière et à voix basse, sur un ton d’une étrange gravité :
— Je suis l’inventeur du bouton.
— (...)
— Vous allez me comprendre tout de suite, cher monsieur. Il a inventé le bouton, il a dû vous le dire. Mais c’est moi l’inventeur de la boutonnière.
— Alors vous êtes brouillés ?
— Nécessairement. »

ou Vialatte(13) qui a su mesurer la gravité du propos à l’aune du pessimisme de l’expert :

« (...) L’expert en boutons était triste. Les experts en boutons sont tristes, c’est une chose qu’on ne devinerait pas. Parce qu’on n’en fréquente pas beaucoup ; et puis parce qu’ils ont un métier d’une variété considérable. Il y a des boutons de mille espèces, peut-être cent mille, peut-être six cent mille. Il y en a, comme les hommes, en or et en carton ; des noirs et des blancs ; on en fait en nacre et en ivoire, en corne de rhinocéros ; des civils et des militaires ; avec des ancres, des grenades et des corps de chasse ; on peut les coudre la flamme en haut, la flamme en bas. C’est une variété infinie. Du moins on la pense à première vue. Et c’est faux, les boutons se ressemblent plus qu’on ne le pense ; avec eux, c’est toujours quand même un peu pareil ; c’est pourquoi leurs experts sont tristes. Il vaut mieux être expert en chèvres ; j’ai connu un expert en chèvres, c’était un homme de la plus grande gaité. Cette histoire montre que les chèvres se ressemblent moins que les boutons. Par conséquent que la nature se trompe.(...) »

En tant que dispositif de participation sociale, la bibliothèque virtuelle présente cette caractéristique de positionner de manière aléatoire l’objet médiateur qui va fonctionner pour le lecteur sur le mode du « trouvé-créé ». Un passage qui aurait pu rester anodin prend un sens particulier dans une reliance à la « Zone d’intention poétique ». A l’inverse, la convocation de la figure de l’écrivain renforce l’appropriation de la démarche artistique par le lecteur amené à participer. La prise de note et l’envoi des références à l’artistes sont un engagement dans une construction ; l’artiste de son côté accueille et agence, puis restitue sous forme de, lectures, ouvrages. publications imprimées et en ligne .
Enfin, s’agissant de travail en territoire, l’institution « bibliothèque », garante de la valeur culturelle, s’implique facilement dans une participation qui valorise son action au travers du simple acte de lire.

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« Coudre son histoire à un bouton »

Les diverses ramifications du dispositif se renforcent mutuellement en conférant au « bouton » une densité particulière, tissée d’humanité par les apports de chacun. L’axe principal de l’oeuvre est un recueil de témoignages où il est demandé aux participants de coudre un bouton et conter le souvenir lié à celui-ci sur un support prévu à cet effet. La collection de fiches manuscrites est maintenant riches de plus de six cent témoignages cousus-main, obtenus de manière parcimonieuse — et l’éloge de la parcimonie est peut-être ce qu’il conviendrait de souligner dans un dossier traitant de modernité et posant la question d’un leg aux futures générations — au fil des expositions auxquelles la Mercerie est conviée à participer et à ouvrir un chantier. L’histoire de l’humain contée en boutons, au travers de l’évocation qui de la grand-mère enseignant la couture à sa petite fille, qui de la mère cousant pour l’enfant, qui de la terre natale que l’on quitte dans l’espérance d’une vie meilleure ou pour fuir la misère ou la guerre :

« Ce bouton noir vient d’Algérie ; c’est mon mari qui m’avait acheté une veste noire. Depuis que nous sommes en France, je n’aime plus le noir ; j’achète des vêtements rouge ou bleu. Mais j’ai toujours gardé ce bouton ».

Hayet (14)

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« Chantier épistolaire »

Une réflexion sur la réception des témoignages et la déconstruction des lieux de pouvoir à l’oeuvre dans l’oeuvre m’a récemment amené à ouvrir un chantier épistolaire par lequel je restitue, parfois plusieurs années après, le texte de son témoignage à la personne qui l’a confié. Ce chantier reprend — au sens d’une reprise en couture — le texte initial, réintroduit le temps dans un geste parfois oublié. L’accusé de réception, qui plus est tardif, valorise l’engagement initial du moindre geste.
Les courriers dépassent l’accusé de réception et apportent par un commentaire, un éclairage nouveau sur le texte initial(15) , se voulant ressource et ressourcement :

Lettre à Anne-Marie Huissoud (La Duchère Lyon)

“Des boutons comme celui-ci, j’en ai plein la boîte, des boutons que nous ramassions dans les jardins il y a plus de 60 ans! Mon grand-père était ouvrier aux papeteries de Pont de Claix. On y fabriquait du beau papier à partir du chiffon. Les chiffons arrivaient par gros ballots, et les ouvrières, parmi lesquelles mes tantes, triaient les tissus. Ceux qui étaient impropres étaient mis de côté. Il fallait aussi enlever tous les boutons, les boucles métalliques, vider les poches. Parfois, elles trouvaient de petits trésors, et même une médaille en or dont le petit anneau était cassé. Tous ces débris étaient jetés dans les champs alentours. Le tissu se décomposait, pourrissait. Ces champs, par la suite ont été divisés en parcelles et distribués en jardins ouvriers. Mes grand-parents en cultivaient un, et nous les petits, nous les suivions quand ils béchaient pour retourner la terre avant de semer et de planter, et nous récupérions les boutons. La fête! Nous en faisions de vraies récoltes. Il y en avait même en nacre...Après, nous les lavions, puis avec une aiguille, nous les débarrassions de la terre qui les obstruait. Et voilà, nous n’achetions jamais de boutons, ni aucune de famille de la papeterie. Ce bouton, c’est un petit morceau de l’histoire ouvrière de ce quartier, de mon histoire aussi.”

Lyon , le 24 juillet 2005(16)

Chère Anne-Marie,

Une dame algérienne, rencontrée à la Sauvegarde et venue sur ta recommandation lors de la dernière présentation à la bibliothèque, m’a dit avoir fait ta connaissance à l’hopital et fait part de ton nouveau combat, contre le cancer cette fois. Je ne sais qu’en dire, tant cette maladie effraie par sa part d’inconnu qui ne la vit dans sa chair, sinon ce mot espagnol d’ encouragement : “Fuerza!” (force!).

Ci-joint aussi quelques coupures de presses relatives à la biennale de Melle (Deux-Sèvres) intitulée “Vies à vies”. Ta fiche, écrite il y a cinq ans, y est actuellement exposée, partageant un souvenir de vie et donnant envie de participer à d’autres. J’ai “rejoué” la sculpture “rond-point-point de rencontre” faite avec une tonne de boutons et qui avait tant marqué ta petite-fille. Tu as participé à cette réalisation en donnant le contenu de ta boîte à boutons familiale, qui continue ainsi à produire de la joie et de l’étonnement “à la tonne”!.

Mon travail de “mercier-poète”, en sept ans, a considérablement évolué. Je voudrais que tu saches, si cela peut renforcer ton moral et t’aider à lutter, combien l’une de tes réflexions a pu m’aider à tenir mon cap. Tu m’avais confié, à l’issue de la première exposition à la Bibliothèque “Lorsque vous m’avez dit que, moi aussi, j’avais aussi le droit d’être dans l’art, vous n’imaginez pas le bien que ça m’a fait!”. Dans les moments de doute, cette phrase renforce un sentiment de responsabilité vis à vis des “textes et gestes modestes” qui m’ont été confiés dans le but de constituer une oeuvre commune.

Depuis peu, je revisite l’ensemble des contributions à “coudre son histoire à un bouton” et j’écris une lettre à chacun, assortie d’un commentaire sur le contenu. L’idée de base qui sous-tend ce travail est que nous manquons tous “d’accusés de réception” (*).
(Depuis, j’ai lu qu’il existe un mot en hébreu signifiant “reçu” et désignant celui dont la prière a été entendu). Te sachant actuellement dans une phase de vulnérabilité et peut-être de souffrance, ton texte prend une densité extraordinaire, philosophique. Tu y décris le passage nécessaire par une forme d’abandon des oripeaux (la décomposition du tissu) pour accéder à une résurrection (du bouton trouvé, lavé, soigné) comme trésor d’enfance et fête du regard.

Je sais que tu as en toi la puissance du regard émerveillé de l’enfant. Que ce “tout-petit joyeux-en-toi-brillant comme un bouton de nacre”, qui fait sens de ta présence au monde pour ceux que tu croises, t’accompagne et te guide pour traverser ces épreuves. Je te garde bien présente. Reçois toute ma sympathie.

MJ (dit "Monsieur Bouton")(17)

(*) Et disant cela, j’ai bien en mémoire ta réflexion lors d’une projection à Ciné-Duchère des films militant pour une concertation véritable avec les habitants. Tu as dit (et je l’ai filmé): “Mais puisqu’ils ne nous écoutent pas, on ferait mieux de se taire!”. Le silence comme refuge et moyen de lutte contre l’insolence des dominants.

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Lettre à Madeleine Atlan (La Duchère Lyon)(18)

“J’avais acheté une veste. Je me suis aperçue, après l’avoir portée trois ou quatre jours, que le bouton du bas était trop bas, ce qui faisait que lorsque je bougeais, la veste s’ouvrait, le col tombait trop sur les épaules, lorsque je mettais une écharpe, elle ne tenait pas. Je me suis mise en colère et ai donc refait une nouvelle boutonnière et changé les boutons. Ce bouton est l’un des quatre récalcitrants”.

Lyon, le 3 novembre 2005

Madeleine,

J’ai appris votre décès par Jocelyne, quelques jours avant la démolition par implosion de la barre des 210 ; j’en ai été sincèrement peiné. Depuis cet été, j’ai commencé un chantier épistolaire. Je restitue leur texte à ceux qui ont confié un témoignage “cousu à un bouton” et l’accompagne d’un commentaire. Votre fiche a compté parmi l’une des premières recueillies auprès des usagères du Centre social. Nous avions organisé une réunion sur le thème. Vous aviez amené ce gros bouton de bois à quatre trous. Vous ne vouliez pas écrire, par peur de faire des fautes et par fierté de ne pas les montrer. J’avais écrit pour vous. J’étais désireux d’obtenir des participations d’habitants. Je regrette maintenant de ne pas connaître la manière dont vous formiez vos lettres. J’aurais aussi voulu vous dire que j’avais fait une place à votre texte dans mon livre (19) . Je redoutais la manière dont vous auriez exprimé votre surprise et, certainement, votre fierté. Nous n’avons pratiquement pas discuté et pourtant je garde de notre relation un souvenir musclé. En fait, pendant plus de deux ou trois ans, vous m’avez “fait la gueule” , refusant tout dialogue et jusqu’à la main que je tendais pour vous saluer . Vous aviez collecté à mon intention des bouteilles de plastique et les aviez remontées de nuit par pleins sacs, à pied depuis Vaise, bravant les moqueries des jeunes qui rentraient d’un concert. J’avais ensuite abandonné l’idée des bouteilles, sans mesurer l’importance de votre geste et sans vous donner plus d’explication. Vous en aviez été blessée et me l’avait ainsi fait comprendre et payer. Ni “Mo” (Mohamed), ni Jocelyne n’avaient réussi à vous raisonner. Nous avions ainsi pris l’habitude de nous reconnaître en jouant l’indifférence, jusqu’à ce que, timidement, nous puissions nous saluer de manière plus conventionnelle. J’ai admiré cet entêtement forcené et cette colère, la même qui vous avait fait refaire la boutonnière et changer tous les boutons. Grâce à vous je sais que lorsqu’on veut travailler avec l’humain, on n’a pas le droit à l’imprécision. Merci pour cette leçon de rigueur. Je vous en garde bien présente.

MJ (dit “Monsieur Bouton”).

P.S.: A la lueur des changements induits par le programme de rénovation urbaine, votre texte prend une dimension poétique et prémonitoire. La veste m’apparaît figurer le quartier et les turbulences qui en font aussi sa singularité. Mais lorsqu’il aura acquis une meilleur tenue, qu’adviendra-t-il des “ boutons récalcitrants”?

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Lettre à « Babette » (Jeanne Bébin, La Rochelle)

« Les boutons de mes « Babette », (petits cardigans bébé 1er âge) étaient devenus pour moi une obsession et je visitais partout où j’allais les merceries à la recherche de petits boutons drôles et jolis pour améliorer mes tricots. A 94 ans, j’ai passé la main et voilà que ce petit coeur rouge plein de tendresse et d’amour était resté seul dans mon panier à couture. Il a trouvé en toi le destinataire rêvé ayant perdu ses trois compagnons de route.
Beaucoup de baisers et de tendresse à l’amoureux des boutons et des mots. »

Babette.

Lyon, le 18 février 2007,

Chère Babette,

J’ai bien reçu votre participation à « coudre son histoire à un bouton » et vous remercie chaleureusement pour ce témoignage si tendre qui vous relie à Sabine(20) . Votre fiche m’est bien parvenue , remise en mains propres, après un petit périple passant par la Mairie de Melle, Poitiers, la Sorbonne et enfin Lyon.

Le bouton est ou a été effectivement pour beaucoup de femmes une « obsession » tant il concentre de créativité et apporte la dernière touche au vêtement. Le bouton des « babettes », vêtement du petit d’homme en bouton symbolise et fixe tout l’amour maternel ou grand-maternel.

Au travers de la description de ce petit coeur rouge « ayant perdu ses trois compagnons », c’est à dire ceux en compagnie de qui il boutonnait la « babette » initiale, j’entrevois un voyage dans le temps au fil de quatre générations qui vont de vous à votre petite fille Sabine et à l’enfant qu’elle porte.

Votre message est aussi fort que la main d’un bébé serrant le doigt de l’adulte et vous me faites là, poète « amoureux des boutons et des mots », le gardien d’une belle intention de transmission de l’essentiel.

Recevez toute ma sympathie.

MJ

Répondre à la question de la modernité, depuis la pratique qui est la mienne, touche à celle de la responsabilité et des incidences d’un geste poétique. L’artiste, à mon sens, a une question majeure à se poser : en quoi chaque énonciation — voire dénonciation — participe-t-elle d’un resserrement d’anneaux mortifères ou d’un réenchantement du monde ?

« Passer la main » dit Babette, témoin du siècle écoulé et du passage à celui qui nous porte, encore en bouton et dont on ne sait de quelle fleur il sera capable de se clore ou éclore.

Michel Jeannès
28 février 2007 – relu 20 septembre 2007
mis en ligne par l'auteur le 13 juillet 2008


(1) Le quartier de la Duchère à Lyon.
(2) "L'art sur la place".
(3) Il y aurait d’ailleurs beaucoup à dire à propos de l’expansion des projets artistiques dans les quartiers paupérisés, comme si l’artiste était promesse de rédemption du corps social, à moins que ce ne soit le pauvre qui ne soit celle de la population artistique, soumise elle aussi aux aléas de la précarité bien qu’elle ait acquis le capital symbolique de la classe dominante.
(4) Gérard Collomb, Maire de Lyon, colloque «Histoires familiales, identité, citoyenneté », Lyon, 2002, filmé par nous-mêmes.
(5)Il importe, lorsqu’on intervient dans un quartier marqué par les désignations et les connotations négatives, de ne pas renforcer les effets ghettoïsant, aussi nous sommes attentifs à inscrire le travail « urbi et orbi » et à reintroduire de la circularité entre l’intérieur du quartier et l’ailleurs.
(6)Zone d’Intention Poétique, La lettre volée, Bruxelles 2005 ; cf. à ce sujet la note de lecture de Gaël Masset in Le Croquant n° 47-48,2005, p.221
(7) Terme employé au sens de « devenir auteur »
(8) PPOCC
(9) Nous employons ce terme au sens étymologique : du grec hustera, utérus
(10) Expérimentées sur le quartier de la Duchère à Lyon, ces Journées s’amplifient en 2007 avec le Musée dauphinois de Grenoble.
(11)La construction de ce méta-portrait fonctionne comme un thème et nous semble participer d’ une fonction d’étayage, préalable nécessaire à la participation et toujours à construire, voire reconstruire.
(12) Gide André, Les nourritures terrestres, Livre de poche, 1970, extrait du Livre Premier, les nouvelles nourritures, p.192, 193, 194
(13) Vilalette Alexandre, Chroniques de la Montagne, in Dernières nouvelles de l’homme et du Ocoulsidou, coll Bouquins, Ed. Robert Laffont , 2000, Tome I 1952-1961, p.840.
La lecture de ce fragment par Jacques Floret est à écouter en ligne sur ce site.
(14)Témoignage recueilli au cours d’un atelier d’apprentissage du français écrit au Centre social de la Sauvegarde. Ce texte a été lu par la comédienne Réjane Bajard lors du colloque Histoires familiales, Identité, Citoyenneté réunissant travailleurs sociaux, universitaires et habitants (Lyon, Hôtel de ville,22-23 novembre 2001) et publié dans Mohamed Lahlou (s.l.d.)Transmission et création, prolongation des actes du colloque, éd. L’interdisciplinaire, Limonest, 2003, p.134
(15) Nous reproduisons à l’identique nos courriers, comportant la restitution du témoignage et la lettre elle-même.
(16)Anne-Marie Huissoud est décédée au début de 2007. Sa réponse, écrite au dos de la photo d’un bouquet de roses lors d’une accalmie, tenait dans ces simples mots : « Merci. Ta lettre vaut une transfusion. » Sa fiche participative, élément d’un parcours d’installation au Musée dauphinois de Grenoble lors des 5emes Journées du Matrimoine (15 septembre-30 septembre 2007) est reproduite in Patrimoine en Isère, le Journal, n° 20, ed. Conseil général de l’Isère, septembre 2 007.
(17)Le sobriquet de « Monsieur Bouton » a été donné par les habitants à l’artiste lors de son entrée dans le quartier, ainsi que par la cinéaste Agnès Varda qui lui consacre une séquence dans Deux ans après les glaneuses (2002).
(18)Cette lettre-hommage à Madeleine , écrite après le décès de celle-ci, a été lue aux habitants par deux fois lors de soirée-poésies. L’une des lectures est en ligne sur ce site.
(19) Zone d'Intention Poétique op.cit supra, p.192.
(20)Sabine (Lyon) est petite-fille de Babette ; elle a demandé à ses deux grand-mères de participer à Coudre son histoire à un bouton . La « Zone d’intention poétique » fait ainsi travail de reliance, souvent intergénérationnel.