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"En démentant d’un seul geste la neutralité de sa voix, elle tripote au ralenti quelques boutons, sa housse livide d’infirmière s’ouvre comme la gangue d’un fruit et elle sort de cette coquille aussi nue qu’une pomme épluchée, plus lisse et parfaite que n’importe quelle matière minérale encore à trouver. Je reste sidéré, le souffle coupé, n’en croyant ni mes yeux ni même mon regard brûlé à bout portant. Elle est vraiment, plus encore que je n’aurais pu le pressentir, la mise en relief de l’obscénité à l’état brut, l’éclatement de la chair rien que chair qui n’a jamais pris le soleil des orgasmes, blanche et sans défaut, tendue à craquer sur des seins, des hanches, un cul qui n’ont pas le moindre pli et prennent des virages parfaits pour violer l’espace dans une insoutenable sensation de défi." Jacques Sternberg,Histoires à mourir de vous, Folio – n°2699, Paris, 1993,p.238 (Extrait de la nouvelle « La parenthèse ») (Trouvé-choisi par Franck Philippeaux)