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Quand l’officier eut enfin terminé son travail, il contrôla encore une fois en souriant le mécanisme dans tous ses détails, referma cette fois le couvercle de la dessinatrice, qui était resté ouvert jusqu’alors, redescendit, jeta un coup d’œil dans la fosse et sur le condamné, fut satisfait de voir que celui-ci avait sorti ses vêtements, se dirigea vers le baquet pour se laver les mains, s’aperçut trop tard de l’horrible saleté de l’eau, fut dépité de ne pas pouvoir s’y nettoyer les mains, finalement – cet expédiant ne le satisfit pas, mais il dut s’en contenter – il les plongea dans le sable, se releva et se mis à déboutonner la tunique de son uniforme. Ce faisant, les deux mouchoirs de dames qu’il avait glissés dans son col lui tombèrent dans les mains. « Tiens, prends tes mouchoirs », dit-il en les jetant au condamné. Tourné vers le voyageur, il ajouta, en guise d’explication : « Cadeaux des dames. » Franz Kafka, À la colonie pénitentiaire, Folio classique n°2191,Gallimard, Paris,1972 p.99 (couverture en ligne: GE-Flammarion) (Trouvé-choisi par Franck Philippeaux )