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«Parfois mes parents sortaient le soir. Les préparatifs étaient fébriles. Une odeur de parfum - Chanel n° 5 - se répandait soudain, des vêtements festifs faisaient leur apparition. Ma mère en robe noire tendait à mon père un collier qu'elle lui demandait de fermer dans le cou. Il lui arrivait de remonter dans son dos une longue fermeture Éclair, de lui attacher de petits boutons ou quelque minuscule crochet. Ces gestes me fascinaient, ils représentaient le comble de l'érotisme, ce que je pouvais imaginer de plus sensuel entre un homme et une femme. J'aime les retrouver dans de vieux films des années cinquante et soixante, c'est une image précieuse de mon enfance. » «Un sac, c'est un peu de soi que l'on trimbale partout entre la maison et le dehors, un concentré de petites choses indispensables, un mouchoir, un peigne, un ticket de bus, des clés, des médicaments, une pièce d'identité, des photos-souvenirs, de l'argent, du papier, un stylo, un tube de rouge à lèvres, un carnet d'adresses, un gri-gri, des bonbons, de vieux tickets de transport, un prospectus, une facture, un bouton, une lime, une pince à cheveux, un foulard, un plan de ville, de la lecture, une bouteille de parfum, un petit miroir, une lettre d'amour... » Lydia Flem , Lettres d'amour en héritage, coll. La librairie du XXIe siècle, Seuil, Paris, 2006, pp. 118-119 ; 132