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Mais nous étions allés trop loin pour que mon père abandonne. Il tendit le bras et déboutonna une bretelle ; puis il défit l'autre. Puis il descendit lentement le plastron. Nous ne fûmes pas déçus ; c'était exactement ce que nous étions venus voir. Un ruisseau d'un blanc éclatant recouvrait la poitrine maigre d'oncle Gurton et étincelait sous la lumière de la lampe comme un tiroir rempli de cuillers en argent. Son uniforme kaki était plié soigneusement sur la chaise et j'allai l'examiner pendant un long moment, faisant courir mon doigt le long des plis raides amidonnés et touchant les boutons luisants et la boucle étincelante de sa ceinture. Je voulais voir Johnson dans son uniforme aussi vite que possible parce que son uniforme en ferait une personne différente, il en ferait l'homme qui allait tuer Hitler. J'enfilai mon pantalon et je courus sans chaussures ni chemise vers le bruit. Mon père était arrivé avant moi, tout froissé et déboutonné. " Qu'est-ce qui se passe ?" demanda-t-il. Elle n'arrivait pas à parler. Elle s'était appuyée contre le mur du couloir, très pâle, et elle pointait un doigt tremblant. A la station de radio, on nous fit brièvement visiter en nous montrant des rangées de boutons, de cadrans et d'interrupteurs exotiques, et un mur recouvert de photographies des personnes célèbres qui étaient venues aux studios. (*?) Fred Chappell, Ma famille inoubliable, Autrement Littératures, Paris 2001, pp. 73, 95, 163, 213 (*?) Trouvé-choisi par Pascale Redureau (*?):(note de l'inventrice) : "Le dernier bouton est-il acceptable ?"