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Victorine marchait à côté de lui ; elle n'avait plus sa grande capeline de tulle mais un petit chapeau fait de trois triangles de satin noir avec un gros pompon par-dessus, comme une barrette de curé drôlement posée sur ses cheveux frisottants. Elle allait, perchée sur ses hauts talons, alerte, serrée dans son étroit manteau qui moulait ses jolies petites fesses. Elle attira vers elle la main de Gilles, celle qui tenait les fleurs artificielles : " Montre ... pour voir comment ça ferait ..." et un instant elle maintint main et fleurs contre le revers de son manteau. "Ca fait bien ... dit-il, je te les donne ..." Elle piqua les tiges de fer dans la première boutonnière du manteau. Un peu en retrait, Elisa marchait, ventre en avant, bras en arrière, traînant un enfant à chaque main. Madeleine Bourdouxhe, La femme de Gilles, Gallimard, Paris1937, Labor, Bruxelles 1985, pp. 45 (Trouvé-choisi par Pascale Redureau )