<=
" Depuis que le dernier Diplodocus a disparu de la surface du globe, en s'évanouissant dans l'ombre d'un chemin creux quelque part entre Nairobi et Saint-Bonnet-Le Château, l'homme est l'animal qui règne sans partage sur la terre. On se demande bien ce qu'il fait de ce règne. Lui-même, au demeurant , ne sait pas très précisement ce qu'il fiche sur cette planète. Il cherche la réponse . C'est pourquoi il se tourne vers les philosophes dont le métier est de répandre parmi les mystères la lumière apaisante du savoir. Quand on les interroge, ces sages hochent le chef d'un air entendu, se grattent l'occiput, toussent dans leur main pliée en cornet, observent le vol des dyptères au plafond, froncent le sourcil, émettent quelques sons graves qu'on a du mal à comprendre, prennent un air béat, et lorsqu'ils tranchent enfin le fil de leurs cogitations , c'est pour inventer le bouton à quatre trous". Jean-Noël Blanc , Le Jardin à moustaches et autres définitions de l'homme , Le Castor astral, Bordeaux, 2007, pp. 21-22