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Contributions à une sémiologie de l’œuvre monogramme

Rappel de la méthode

Notre attention se porte sur les effets de sens obtenus par pliage ou rabat de l’onomastique sur l’esthétique. D’après nous, le nom de l’auteur et ses avatars (anagrammees, contrepèts, initiales, position des letters dans l’alphabet...) génère un code-organisateur de l’oeuvre, tout en signant celle-ci de l’intérieur. Un cas d’école nous est donné par le prénom Marcel, dissimulé dans le titre de la Mariée mise à nu par ses célibataires, même, de Marcel Duchamp. Nous sommes donc attentifs au répérage des indices significatifs et fragments sémantiques participant de notre lecture des ouvrages tout en en vectorisant le sens.

à propos de Jean-Pierre Brisset , Prince des Penseurs et prophète.

Jean-Pierre Brisset, pour qui l’homme descendait de la grenouille, s’est brillament appliqué à démonstrer le fait, explorant ainsi les bords de son propre entendement du monde; il a fortement intéressé Marcel Duchamp qui se proposait d’en reéditer les oeuvres complètes.

Jean est l’anagramme (2), de "nage". On retrouve les lettres et les sonorités de « Jean/nage » dans celles d’Angers, ville où Jean-Pierre Brisset exerça longtemps en gare de Saint-Serge. Il y avait donc de quoi, lorsqu’on nage au pied de la lettre, se sentir envahi par cet ange aquatique apparaissant à l'Elu du Lalangue au long cours pour crier « gare danger ! »; de coac tenter de mettre à distance les affects englougloutissants par une méthode de natation adaptée et sans eau (*)

Le deuxième prénom, Pierre, avec la propension de celles-ci à couler du fait de leurs lourdeur, renforce cette inquiétude : Jean-Pierre est , sur le mode de l'équation (voire aquation) symbolique Pierre-qui-nage, nage comme une pierre, soit Pierre qui coule avale la mousse. D’où les grenouilles qui, soit dit en passant ne manquent pas d’Esprit puisqu’elles goupillonnent dans les bénitiers.

Le patronyme « Brisset » est, quant à lui, une inversion anagrammique et palindromicoverticale du mot « Esprit » ( Brisset/essbrit/essprit). Disons qu’il y a de l’esprit inversé dans ce Brisset J’empierre qui avait très bien combriss qu’un calembour vaut mot d’amour en batracien voire en Brisset-t'brasse-l’Ancien. Prophète et singulièrement cabaliste avant l’heure — ce qui est comble pour un prophète — Jean-Pierre Brisset a récolté — à la suite d'un canular Romanesque peu compassionnel, mais qui eût le mérite d'aider Brisset à traverser le fleuve de l'Oubli — les suffrages qui lui ont donné le titre envié de Prince des Penseurs. Nager sans peur dans les tangages de la langue en gage avant que ne poussent les cultivées leirissades— géraniums de la poésie en comparaison de cet a-charnement de la langue à se dé-finir chez Brisset — demandait sinon de la sainteté, ou à défaut de la santé d’Esprit, pour le moins du Souffle.

(1) Accessoirement, on pourrait aussi dire qu’il n’y a pas d’O dans Jean-Pierre Brisset. Un seul A pouvant l’évoquer par glissement phonétique : Jeon/ John. Là où les joncs sont, les grenouilles sont aussi souvent!

(2)ou du moins le phonogramme car le glissement du G au J reste à expliciter.

Michel Jeannès, note relue le 1er novembre ( jour de Toussaint) 2006