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Lorsque j'envoyai cette carte, je ne connaissais pas encore cette citation de Peter Handke:
Un homme assis était plongé dans la contemplation d'un bouton qu'il tenait au creux de sa main (dans La Répétition).
(Peter Handke, À ma fenêtre le matin. Carnets du rocher 1982-1987, éd. Verdier, 2006, p. 76)
Il s'agit d'un journal de P. Handke. La Répétition est le livre sur lequel il travaillait alors (paru en français sous le titre Le Recommencement en 1989).

KL-Loth (notule accompagnant une participation à la Bibliothèque virtuelle de la Mercerie)

Notes pour une sémiologie de l'oeuvre-monogramme

rappel de la méthode

Dans notre approche des oeuvres d'art, nous effectuons un rabat de l'onomastique sur l'esthétique et la sémantique. Le nom de l'auteur et ses avatars nous apparaît comme générateur et noyau organisateur de l'oeuvre. Notre lecture des oeuvres, de fait alternative, passe par un repérage des indices du « monogramme » (ou « hypogramme »).

à propos d'une notule de lecture de KL Loth
et d'un bouton trouvé-choisi chez Peter Handke.

Par cette notule en ligne, KL Loth commente un message adressé à la Mercerie sur l'une de ses cartes-postales. Le commentaire vient du fait de la trouvaille d'un passage « boutonné » dans un journal de Peter Handke.
Le passage nous a été transmis comme participation à la Bibliothèque virtuelle de la Mercerie, constituée d'ouvrages trouvés-choisis par des lecteurs, dans lesquels le bouton joue un rôle de ressort narratif. Notre expérience de ce « plus petit personnage littéraire » nous a montré que l'évocation de cet objet condense ou concentre généralement « l'esprit » de l'ouvrage.

Ce passage nous apparaît caractéristique de l'agir du monogramme :

Le patronyme « Handke » se décompose en effet en « hand » (main en anglais et allemand) et « ke » qui, pour peu que la lettre « e » reste aussi muette que le personnage en contemplation, renvoie au K initiale de « Knopf », soit « bouton » en allemand. Cette construction esthétique - l'image du bouton dans la main de l'homme en contemplation, figure de l'écrivain à la fois distancié et in-distancié de l'objet de son sujet - est sous-tendue par le nom au travail. Sans trop extrapoler, ce bouton-dans-la-main, objet de la contemplation, nous apparaît proche de la pierre-caillou (de Petit Poucet?) ; la pierre recouvre le Peter (Petrus en latin) du pré-nom de l'auteur qui prête vie à ce bouton au croisement des lignes du d(estin/ anagramme de « stein » = pierre en allemand). Jeu de miroirs de « La repet/ition »(*) au « lied de l'arpette » (**) entre la figure et le nom.

Michel Jeannès, 25 octobre 2006


(*) Peter se répète dans une mise en abîme anagrammique, qui perpétue la figure du penseur.
(**) anagramme de « pied de la lettre ». Un lied est un chant en allemand, alors que l'arpette désignait autrefois la cousette.

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